Promenade matinale

- Vous aimez vraiment cet endroit?

La surprise n'était pas feinte. Elle aurait pensé que pour un soldat, les dorures d'un palais relèveraient de l'ennuie le plus proffond.

- Je veux dire, les salons, les soirées, les banquets... Vous les appréciez?

- Vous êtes un homme de devoir et de loyauté, c'est tout à votre honeur. Mais c'est également bien que vous ayez quelqu'un vers qui revenir, cela rend les mois de campagnent moins inutiles.

Elle-même savait que sa demeure serait là où l'autre partie d'elle-même serait. Et peu importait qu'Iriney fut trop gentil pour éloigner sa mère, elle reviendrait bientôt.

- Le problème avec Iriney, c'est qu'il est trop gentil avec ma mère. Il lui passe certains caprices, et elle en profite. Enfin, surtout quand je ne suis pas là...

- Mon frère ne fait que ce qui lui plait. Mais c'est un homme bon, il a l'intelligence de mon père et cela ne pourra que lui servir. Ce n'est pas un soldat de vocation, en revanche, c'est un amateur de défi. Il maintient l'ordre sur les terres de mon père avec rigueur et justesse, mais uniquement parce que cela lui plait. C'est un homme de coeur avant tout... un aventurier et un inlassable curieux. Ce n'est pas un lâche, vous avez raison, il sait suivre les devoirs que lui imposent son coeur... Et cela peut parfois prêter à confusion.

Irina n'avait pu empêcher la tendresse poindre dans sa voix.

La réponse de Vald la surprit.

- Chacun sert son pays et accomplit son devoir comme il le ressent et comme il l'estime juste. Et sans les soldats, ce pays serait à feu et à sang, déchiré entre les mains des barbares... C'est une cruelle responsabitlié, mais ça n'en n'est pas moins une.

- Vous êtes surtout conscient de la portée de vos actes, et cela vous empêche d'être un monstre. J'imagine que pour vous, l'Ukraine a été une épreuve douloureuse, malrgé la victoire de notre armée.

Irina entendait parler de l'Ukraine depuis que la guerre avait commencé, et si elle avait vécu dans la peur que l'on apelle son frère au combat, elle n'en n'avait pas moins été interressée par les enjeux politiques et alarmée par les récits de bataille. Ce qui s'y était passé n'avait vraiment rien de reluisant.

L'amertume ressentie par Vlad semblait profonde. Irina changea de sujet, espérant connaître un peu mieux le palais où elle se trouvait.

- J'imagine que vous connaissez les lieux et les personnes mieux que moi. Je n'ai pas encore eut l'oportunité de rencontrer notre bien-aimé Tsar, en avez-vous eu le privilège? On dit de lui que c'est un homme assez renfermé.

Irina restait partagée. Elle appréciait peu la décision du Tsar de se remarier pour des raisons politiques, mais une autre partie d'elle-même savait pertinemment que c'était la seule solution pour protéger le pouvoir.

- Et les Princes? Savez-vous comment ils on réagit au remariage de leur père? On m'a dit que les deux aînés, Aleksandr et Artur si ne je m'abuse, étaient assez grands pour comprendre... mais le cadet? Grigoriy je crois... Savez-vous ce qu'il en pense?

- Alors la situation est aussi sombre que ce qui se raconte chez moi... Je n'aimerais pas avoir une épée de Damoclès au dessus de la tête de l'accabit d'Aleksandr. Ce type me fait froid dans le dos.

Elle réprima un frisson qui n'était pas dû à la fraicheur du matin.

- Donc tout le monde est sur le pied de guerre et personne n'est au courrant... Un peu tendu pour avoir organisé un marriage, non?

- Je dois dire que cela m'a surpris, mais après tout, c'est la première fois que je viens à Saint Petersbourg, et que j'assiste à un mariage royal. Je me suis juste dit que le Tsar devait prendre toutes les mesures possibles pour éviter un accident, pas que la situation était aussi sérieuse. Pourtant, je n'ai pas remarqué qu'Artur ou Lorelei soient particulièrement protégés... D'aucuns auraient immédiatement pensé à une protection rapprochée, même si ce n'est pas le plus discret.

Irnia avait fait tourner la conversation sur Artur sans trop le vouloir, et avec le recul, il n'avait vraiment pas l'air de quelqu'un craignant pour sa vie.

- Oui, j'imagine qu'Artur doit savoir se défendre... Et Lorelei, j'avoue qu'elle est aussi débrouillarde. Elle ne doit pas avoir beaucoup besoin de vous, si? Et ce n'est pas assez contraignant?

Elle avait du mal à envisager de lier son destin à celui de quelqu'un d'autre... Cela l'intriguait, mais elle se rendait bien compte de sa position privilégiée dans la situation.

- Oui, j'imagine que le fait d'être soldat ne vous laisse pas vraiment beaucoup de loiris. Et qu'en pense votre femme ou votre fiancée? Les longs mois à vous attendre ne sont-ils pas durs? N'a-t-elle pas peur pour votre vie?

Irina savait que les soldats avaient des familles, tout comme les marins, et les autres... Mais il était vrai qu'ils passaient plus de temps en campagne qu'au foyer et elle se doutait que la situation ne fut pas des plus aisées. Comment vivre dans la crainte que ceux que l'on aimait risquaient leur vie? Ne pas avoir d'autre attaches que son frère lui simplifiait la vie sur ce point.