Un retour agité

Ermolai scruta ses soldats et les passa en revue. Ils étaient tous là, à l'heure précise. Disciplinés, c'était bien. Il toussota et le silence se fit immédiatement:

-Mes amis, je suis ravi de vous revoir! La campagne d'Ukraine a été laborieuse et très douloureuse. Mais j'ai l'insigne honneur de vous apprendre aujourd'hui que le traité de paix a été ratifié! Nous avons, officiellement cette fois!, remporté la guerre! Vous allez ainsi pouvoir rester à Saint Petersbourg! Bienvenue chez vous messieurs! Et bravo encore!

Il leva son verre de vodka:

-Santé!

Il le vida d'un trait et le jeta derrière lui, comme le voulait la coutume.

Ermolai observa la salle. Il répondit:

-J'ai rappelé tout le monde. TOUT le monde...

Il le prit à part:

-J'ai peur à une guerre civile, Vlad. Et ce ne sont pas des blagues malheureusement. La tension est telle dans le royaume qu'il suffirait d'une minuscule étincelle pour tout enflammer. Et je crainds que l'étincelle ne soit un mot, un geste du fils ainé du Tsar, Aleksandr. Nous sommes sur la corde raide. Le traité de paix avec l'Ukraine est une vraie bénédiction, crois moi... Nous aurons besoin de tout le monde si jamais il y avait un problème à Saint Pétersbourg.

Il ajouta:

-Il faut tenir la caserne prête. En armes et en victuailles, au cas où.

Ermolai craignait vraiment une guerre civile. La population était éreintée par la guerre, désespérée par la mort de la Tsarin et instable, à cause d'Aleksandr qui intriguait depuis un certain temps. La situation était grave...

Ermolai hocha la tête:

-Oui, tu as raison, je suis stupide, c'est au palais qu'il faut tout centraliser. Au cas où il faille tenir un siège... Mais il va falloir faire discret. La nuit, je ne vois que ça!

Puis il ajouta:

-Ce n'est pas mon exécution qui me fait peur, c'est le beau massacre qu'il y aura après... Le Tsar bien sûr, mais aussi toute la Cour, qui soutient le Tsar... J'espère qu'on n'en arrivera pas là.

Grisha avait écouté les discours d'Ermolai, et l'un de ses légendaires sourirs en coin para son visage. Ils allaient pouvoir se reposer... ce n'était pas vraiment le cas d'après ce que Vlad lui avait dit, mais encore une fois le Général en Chef s'adressait à ceux qui revenaient d'Ukraine. Il avala sa vodka plus par patriotisme que par réel goût.

Pourquoi diable n'avait-il pas été en Ukraine? Il était impossible qu'Ermolai fut responsable de son affectation à Vladivostok... il n'y avait rien à faire mis à part se tenir prêt au cas où, éventuellement, peut-être, des rebels daigenraient montrer le bout de leur nez. Certes, d'après ce que les autres en disait, l'Ukraine avait été assez dur, mais il avait juré devant Dieu tout puissant de se battre pour sa patrie, pas de mourir d'enuie pour elle...

Comme l'ambiance se détendait parmis les officiers, il prit place à une table et perça un toneau de bierre. Il sirota sa chope les yeux dans le vide. A cette époque de l'année, Andrei était toujours désagréable. Il y allait certainement avoir pas mal d'agitation en ville pour le remariage du Tsar, il hésita à demander à son frèr de le rejoindre pour boir une verre un de ses jours.

Il grogna.

- Oui, mais vu qu'il n'y avait rien, je dis bien rien à commander... Faire sortir les mecs dans le froid et la neige pour les maintenir en forme, ça va une semaine, un mois tout au plus, mais mis à part des voleurs de poules... Celui qui m'a envoyé là-bas à voulu me tuer d'ennui, je te jures. J'en étais réduit à organiser des tournois de lutte pour les gars, histoire de les occupers... Et forcément, personne n'a voulu se mesurer à moi. J'ai l'impression d'avoir perdu une année de ma vie.

Il but une gorgée supplémentaire et se dit que vu son était qui virait à la morosité, il ferait mieux de se ressaisir.

- Au moins, ici, même s'il ne se passe rien, ce que j'espère, je n'aurais pas l'impression de bosser pour rien.

Après tout, là, on parlait sécurité du Tsar, pas du poulailler.

Ce que Grisha n'arrivait pas à dire, c'était qu'il se sentait terriblement mal d'avoir été tenu à l'écart d'un combat dans lequel de nombreux frères étaient tombés. Un combat où son bras aurait peut-être fait une différence.

- Et ce jour là, qu'il advienne ou non mon ami, je me tiendrai à vos côtés, je t'en donne ma parole. fit-il avec résolution.

Après tout, tellement étaient tombés... Peut-être que Dieu lui avait sauvé la vie pour qu'il puisse encore servir son pays dans quelque chose de plus grand, ou de plus décisif que la campagne d'Ukraine.

Les paroles de Vlad résonaient dans la tête de Grisha.

Il leva un verre de vodka, l'occasion en valait la peine, et porta un toast.

- A la meilleure de causes!

Ermolai s'approcha des deux hommes, il en avait terminé avec les congratulations, il fallait passer aux choses sérieuses. Il murmura, pour n'être entendu que des deux hommes:

-Ce soir, rendez vous dans la forêt, près du vieux chêne qui a été frppé par la foudre.

Ce chêne était plus que centenaire et de mémoire d'hommes, avait toujours été le même: frappé par la foudre.

hj: c'est pour ensuite entrer dans les sous terrains! j'ai créé l'endroit à la fin de la catégorie "château" mais pour trouver les sous terrains, il faut être dans la forêt. Allez-y vous verrez! dans le topic "le vieux chêne" dans la forêt

Grisha hocha de la tête. Pas besoin de long discours.

Grisha décida de ne pas rendre leur départ trop évident. Il se reservit une chope de bierre. Il partirait quand il aurait fini.

Ermolai hoch la tête:

-Oui, vas-y, Vlad. Je partirai après que tout le monde soit sorti. A tout à l'heure.

Il se rapprocha de Grisha, une autre vodka à la main:

-Alors, Vladivostock?

Il voulait permettre à Grisha de lui demander pourquoi cette affectation, il savait que cela le préoccupait. Mais il ne voulait pas l'obliger à en parler, s'il n'en avait pas envie.

Certes, Ermolai était son supérieur, etc, mais il n'aimait les fioritures hypocrites. Il se contenta donc de la réponse la plus objective qu'il était en mesure de donner.

- Long... froid... ennuyeux à mourrir.

Oui, il avait bien résumé la situation. Il avala une gorgée de bierre avec amertume, puis saisit l'occasion qui se présentait à lui.

- Pas vraiment compris ce que j'y faisait... les hommes non plus d'ailleurs.

Il n'y avait pas de colère dans sa voix grave comme le grondement d'une avalanche, juste une equanimité sans faille réhaussé d'une pointe de rancoeur.

-C'est bien ce que je pensais.

Il regarda Grisha dans les yeux:

-Vous y étiez pour deux raisons: la première, pour vous reposer. Loin de toute l'agitation qu'il y avait ici. Et la deuxième, la plus importante, pour vous sauver la vie. Ceux que j'ai envoyé là bas, et dont vous faites partie, étaient en danger de mort. J'ai appris qu'Aleksandr avait fait une liste noire et avait commandité des hommes pour vous tuer en Ukraine lorsque vous y arriveriez. Seulement, je devais garder cette information pour moi, ne pas vous exliquer la raison de votre "mutation". Il voulait commencer par vous éliminer pour affaiblir l'armée. Et comme il ne pouvait tuer Vlad en premier, il a pensé à vous et vos hommes. Je suis désolé pour Vladivostock, mais c'était le seul endroit sûr. Vous nous avez manqué en Ukraine, mais je préférais prendre le risque de perdre l'Ukraine plutôt que de ne pouvoir réagir à une guerre civile potentielle en Russie même. Maintenant qu'Aleksandr est exilé, vous ne risquez plus rien. Je sais que vous auriez défendu chèrement votre peau mais s'il y avait eu rien qu'un mort dans vos rangs, ç'aurait été catstrophique. Vous me comprenez?

Son coeur se serra fermement dans sa poitrine.

- Dieu! J'étais à des lieues de me douter de la vérité. Maintenant, oui, pour comprendre je comprend... Et je suis terriblement reconnaissant.

Oui, terriblement c'était le mot.

- Mais je crois que cela rend les morts d'Ukraine encore plus amères. Comment a-t-on pu en arriver ici? Aleksandr... il avait craché ce dernier mot.

Il serrait les poings tellement fort que ses jointures semblaient être sur le point de se briser.

- Il ne l'emportera pas au paradis. Risquer la vie de toute une armé, des dizaines de milliers d'hommes, et de tout un pays, pour tenter de garder le pouvoir... J'ai peine à croire qu'il soit vraiment leur fils.

Ermolai était heureux d'avoir dissipé tout malentendu. Il adorait Grisha et le consifdérait comme un pillier incontournable de l'armée. Avec Vlad, ils étaient ses deux meilleurs hommes. Il ne voulait pas qu'il croie qu'il avait été disgrâcié, jamais.
Il hocha la tête:

-Moi aussi, des fois, je me demande quels sont les gênes qu'ils peuvent avoir en commun... Regarde ses frères, deux adorables garçons! Le Tsar est une crème et la Tsarin était tout simplement exceptionnelle de bonté. Si je ne l'avais pas vu naitre, je ne croirais jamais qu'il puisse être leur véritable enfant...