Une soirée bien remplie

Le soir tombait progressivement sur la ville, et avec lui, le froid. C'était bon pour les affaires: un russe qui a froid va toujours vers la chaleur et la lumière, et ça fait l'affaire des bars en tous genres. Surtout que le rat d'égout était très réputé à Saint Pétersbourg: il désemplissait rarement. Cela ne faisait pas longtemps qu'elle était là et c'était le meilleur bar dans lequel elle ait travaillé. Bonne ambiance, filles sympas, et Denis n'était pas l'un de ces patrons tyranniques qu'elle avait subi. Somme toute, tout était pour le mieux.

J'étais dans ma chambre en attendant que le soir tombe, et ca y est, l'heure de l'ouverture arrive, je décide donc de me rendre dans la salle de bar. A ma grande surprise, Paradis était déjà là alors qu'en général, je suis le premier à descendre.

- Tu étais pressée d'ouvrir ?

dis-je sur le ton de la plaisanterie ?

- C'est mon moment préféré de la journée, de voir les clients arrivés et de vous voir, toutes, dans la salle. Bien sur qu'un moment comme celui-ci, sans client et avec toi uniquement ne m'est pas désagréable mais tu conviendras de la différence toi même.

Je souris, c'est vrai que ces moments d'ouverture sont sympa.

Paradis sourit: elle n'était pas spécialement pressée d'ouvrir, mais elle était heureuse d'être là. Heureuse d'avoir enfin un lieu de travail agréable.

- Moi, le moment que je préfère, c'est juste avant l'ouverture, le calme avant la tempête, si tu vois ce que je veux dire.

Elle regarda par la fenêtre. La nuit était tombée, et il n'y avait personne à l'horizon. Mais ça ne voulait rien dire. Les clients arrivaient comme par magie, en nombre, tous les soirs. Ils sortaient de l'hiver et laissaient derrière eux leurs soucis pour la soirée.

- Alors ton moment préféré risque de s'éteindre à tout moment maintenant, les clients risquent d'arriver d'un moment à l'autre maintenant.

J'espère une bonne soirée d'ailleurs, et pourquoi pas avec de nouveaux visages d'ailleurs.

Roksana entra dans le bar, apportant avec elle un souffle froid, son loup sur les talons. Elle se hata de fermer la porte pour ne pas refroidir toute la pièce. Puis elle se dirigea vers Denis, et vers cette jeune fille qu'elle ne connaissait pas mais qui, bien entendu, faisait partie du harem du rat d'égouts.

-Salut, Denis. J'ai croisé quelques habitués sur le chemin. Mon petit doigt me dit que tu va faire un carton, ce soir. Il fait froid, les hommes veulent se réchauffer.

Elle sourit à la jeune fille qui était accoudée au bar:

-Roksana, enchantée.

Elle se retourna vers Denis:

-Une vodka, tu aurais?

Roksana entre dans le bar, elle n'est pas une cliente à proprement parler mais il est toujours agréable d'être en sa compagnie.

- J'aime quand tu arrives avec de bonnes nouvelles, c'est toujours une bonne chose que de commencer la soirée avec de bons présentiments. Comment vas-tu ?

Ca faisait quelques temps qu'elle n'était pas passé par là ainsi, elle ne pouvait donc pas connaître Paradis.

- Tu me demandes à moi, grand manitou de la vodka si j'ai de la Vodka pour toi ?

Je tends le bras pour saisir un verre et me baisse pour le remplir du précieux liquide.

- Elle sort directement du fut

Ah, le rat d'égouts, c'est un des lieux mythique de Saint Petersbourg, j'y viens de temps en temps et à chaque fois c'est très agréable. Je pousse la porte et rentre rapidement dans la salle afin d'être au chaud.

- Salut Denis, tu m'en sers une ?

Pour l'instant, il n'y a qu'une femme que je n'avais encore jamais vue, Paradis et Denis dans la salle, j'imagine que les choses risques d'évoluer rapidement.

- Hey Paradis, comment tu vas ?

Enfin, je lache à l'autre femme

- Salut, moi c'est Stijn....

*Bijou entra dans la pièce et s'assit sur une chaise, au bar. Elle se sentait en pleine forme ce soir, prête à griffer et à mordre... Cela lui rappelait d'ailleurs qu'elle n'avait pas vu Luka depuis des semaines... C'était dommage, il était l'un de ses clients préférés... Il aimait son côté tigresse et elle appréciait sa compagnie. Il passait rarement une semaine sans venir la voir, elle commençait à s'inquiéter, mais elle savait aussi que s'il lui était arrivé quoi que ce soit, elle aurait été la première à être mise au courant, le rat d'égouts ayant des oreilles au delà de la ville. Lorsqu'il reviendrait, car elle le savait, il le ferait, elle aurait une petite conversation avec lui, une petite conversation "entre quat'zyeux"... Elle coula un regard en direction de Stijn. Elle l'aimait bien, il racontait toujours des histoires sympas, ses aventures étaient dignes d'un roman!*

hj: je fais Luka!^^ nouveau perso!

hj: j'ai changé l'avatar de Paradis, je me sens beaucoup plus à l'aise avec elle.

Paradis sourit à Denis et se tourna vers la nouvelle venue:

-Moi c'est Paradis.

Roksana, elle en avait beaucoup entendu parler. Une jeune femme pleine de fougue, à ce qu'il paraissait. Un homme blond entra ensuite, et Paradis se dit que Denis avait raison: le bar allait se remplir en moins de temps qu'il n'en faut pour souffler une bougie.
Elle se rapprocha et sourit au jeune homme qui était accoudé au bar:

-Enchantée, moi c'est Paradis. Tu as envie d'un peu de compagnie?

Paradis connaissait bien le métier, elle avait des année d'expérience, et ça ne la gênait pas. C'était un métier comme un autre, et pour ne pas mourir de faim, il fallait bien trouver des idées. Et c'était une idée plus que valable.

Stijn est le premier vrai client à arriver aujourd'hui, et ce n'est pas pour me déplaire, déjà parce qu'il est fort agréable, et aussi parce qu'à partir du moment où le premier client arrive, après, ca va très vite à se remplir.
Je sers sa Vodka à Stijn et m'éloigne, le laissant entre les griffes de Paradis.

La prostituée de Denis, Paradis, s'approche de moi, la Vodka vient d'être posée devant moi, que demande le peuple ?

- Ma foi je ne suis pas contre un peu de compagnie, bien au contraire.

Si l'on vient ici, ce n'est pas juste pour la Vodka bien que celle de Denis soit la meilleure qui existe et de loin. Je suis sur que c'est un patron exceptionnel dans le métier, un patron humain, ce qui est rarissime dans ce genre de milieu.

Paradis se rapprocha de Stjin jusqu'à effleurer son bras. Elle prit aussi une vodka et le va son verre:

-A cette nuit!

Elle le but cul sec, plantant ses yeux dans ceux de son client.

-Alors, tu aimes quoi, toi, dans la vie?

- A cette nuit.

Je bois également ma Vodka d'une traite.

- Ce que j'aime, c'est profiter de tous les plaisirs de la vie quand il s'offre à moi. Je ne veux pas être de ceux qui porte un bandeau sur leurs yeux.

D'ailleurs ce soir je vais profiter de ce que m'offre la vie.

Paradis sourit: Stjin serait vite un habitué du rat d'égout, s'il ne l'était déjà. C'était la devise de la maison, carpe diem, profite du jour présent, profite de la vie et de ses nombreux plaisirs. Et précisément, elle était là pour le plaisir.

-Tant mieux chéri, parce qu'ici, je ne vois pas ce que tu ferais avec un bandeau sur les yeux.

Il y avait tant de choses à voir, ça en donnait presque le tournis: les jolies filles, leurs robes chatoyantes, le coup de main du patron lorsqu'il versait la vodka, la couleur délicieusement transparente de l'alcool fort...
Le contraste entre le dehors et le dedans rendait plus chaleureuse encore l'atmosphère du bar. Une douce chaleur, et pas seulement celle de la vodka, réchauffait les coeurs. On avait presque envie de chanter de bonheur. Enfin, elle en tous cas. Après avoir connu plusieurs endroits, plusieurs patrons, elle se disait qu'enfin, elle avait trouvé l'exception: le patron sympa. Pas si fréquent. Et même inconnu au bataillon, bien souvent!

-Alors, maintenant, qu'est-ce que tu veux faire?

Elle lui désigna la bouteille de vodka, à peine entamée:

-T'en veux une deuxième? Ou tu veux monter?

- On en reprend une tout en montant.

N'aimant pas les choix, je prends tout, c'est le meilleur choix qu'il soit non. Et il est évident que je n'aurais rien à faire ici si j'avais un bandeau sur les yeux.

- Tu nous en remets une Denis.

Roksana regardait Stjin avec intérêt. Un nouveau client pour Denis. C'était de la folie au rat d'égout, plus ça allait, plus l'endroit était bondé. C'était le nouvel endroit à la mode. Il fallait dire qu'il y avait de quoi: d'habitude, les bars à prostituées étaient des lieux mal famés, coupe gorge. Ici, si tu dormais la nuit, pas de problème, tu étais en sécurité. Il ne fallait pas sortir, c'était tout. Dehors, c'était dangereux pour tous ces lords qui venaient s'encanailler. Mais à l'intérieur, Denis faisait la loi, et garantissait la sécurité de ses clients. Il s'était imposé, et ça payait.
Elle se tourna vers Denis:

-Tu m'en ressers une? Après si tu veux, je te fais un tour.

-D'accord, beau blond! Attrape ta vodka et on y va!

Avant de monter, Paradis se fit la réflexion que le bar était rempli d'hommes. Et il y avait une femme au milieu d'eux: Roksana, la superbe et célébrissime Roksana. La star de Saint Pétersbourg. C'était la seule femme, hormis elles, les prostituées, à pouvoir trainer parmi les hommes, dans cet endroit réservé à la gente masculine et que les femmes "bien" dénigraient. C'était ce qui faisait l'originalité de Saint Pétersbourg: au contraire du reste de la Russie, et de l'Europe malgré les apparences, on pouvait tordre le cou aux intolérances.

- Ok Stijn, je te la sers et après hors de ma vue.

J'avais dit ca en souriant. Stijn prends sa Vodka et part au bras de Paradis.

- Hm, ok, un tour, c'est pile ce qu'il fallait ce soir. Tiens, voilà ta Vodka.

Roksana lui fit un clin d'oeil, avala sa vodka d'une traite et monta sur la table qui se trouvait au milieu du bar. Elle fit signe à un homme qui avait une gitare de l'accompagner sur la Kalinka et chanta cet air plus que populaire en dansant la Kalinka sur la table. Bientôt, elle fut suivie des voix de toute l'assemblée qui reprenaient le refrain en choeur. L'ambiance était plus que toride dans le bar, et on ne pouvait plus voir à l'extérieur: la buée recouvrait les vitres d'une épaisse fumée blanche opaque. Mais qui a besoin de regarder à l'extérieur quand il s'amuse à l'intérieur?

https://www.youtube.com/watch?v=PQpp5LEEaj0

*La kalinka s'emparait lentement de son esprit, en chassant peu à peu Luka. Malgré tout elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un mauvais préssentiment. Elle aurait juré que Luka ne partirai jamais, même si elle connaissait son parcours erratique. Mais elle n'avait jamais rien compris aux hommes de toute façon... N'empêche, elle s'inquiétait. Et elle détestait ça. C'est pourquoi elle commença à danser, langoureuse.*

Ermolai entra au rat d'égout au moment où Bijou commençait à danser. C'était un habitué des lieux, depuis toujours. Un militaire ne craind absolument rien dans les rues de Saint Pétersbourg, la nuit. Aucun bandit ne serait assez bête pour s'attaquer à un homme du tsar, plus entraîné, plus fort et plus habile. Et puis chacun savait ce qu'il en coûtait de s'attaquer à l'armée: une descente musclée dna sles bas fonds de Saint Pétersbourg. La trêve entre bandits et soldats était donc implicitement signée.

Il s'accouda au bar et demanda à Denis:

-Une double vodka, s'il te plait.

Lui qui ne parlait presque pas avait fini par connaître Denis et ils se donnaient fréquemment quelques informations capitales, se racontaient parfois des éléments de leurs vies. Bref, ils étaient devenus amis. Surtout depuis la disparition soudaine d'Anna, parce qu'Ermolai était venu tous les jours, pour chasser le chagrin. La vodka fait des miracles, la nuit, quand tous les chats sont gris. Peu à peu, il avait retrouvé le sourire, et une certaine joie de vivre. Il n'avait jamais eu de chance avec les femmes.

-Dis Denis, elle est libre Bijou, ce soir?

Ermolai avait passé beaucoup de nuits au rat d'égout, et les meilleurs, il les avait passées avec Bijou, alors depuis qu'il avait fait ce constat, il demandait toujours si elle était libre. Et le fait de la voir danser comme un serpent au milieu de la piste n'enlevait rien aux charmes de la nuit, bien au contraire.

- Oui, elle est libre. *Répondit Bijou en venant se percher sur le bar, juste à côté de la consommation d'Ermolaï.* Pourquoi, tu as des envies de sport?

*Elle n'avait jamais eu aucun tabou en ce qui concernait le sexe, elle était capable de parler de tous les aspects. Elle se demandait quelle direction prendrait leur nuit, ce soir là, douce et câline ou torride et violente. Ou quelque part entre les deux. Ou les deux à la fois, ça arrivait assez fréquemment avec Ermolaï. Ce qui n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Elle avait toujours trouvé qu'Ermolaï était un des plus beaux hommes sur Terre. Son regard bleu de glace était surprenant et changeant, il modulait ses traits en fonction de ses émotions. Déroutant et stupéfiant mais tellement attirant aussi!*

-Ca se pourrait. J'ai besoin de tendresse.

Il fit un clin d'oeil et un sourire à Bijou. Cette fille comprenait toujours où il voulait en venir et elle était belle comme une nymphe. Il lui tendit la bouteille de vodka:

-Tu en veux? La nuit ne fait que commencer après tout, on a le temps.

Il n'était pas du genre à se jeter sur les femmes, même si elles étaient des prostituées. Ca ne changeait rien, elles étaient des êtres humains autant que les plus grandes dames de la cour. Il y mettait toujours les formes, il respectait bien trop les femmes pour se permettre d'être un mufle.

*Elle repoussa gentiement la bouteille. Elle adorait la vodka, mais ce soir, elle ne voulait pas boire. Elle s'était suffisemment anesthésiée la veille, pour supporter Barnard, elle voulait passer une soirée sympa, sans brouillard.*

- De tendresse, hein? J'ai exactement ce qu'il te faut là haut...

*Elle savait exactement par quoi commencer et le programme était chargé, sans doute prendrait il une bonne partie de la nuit. Ermolaï était un client qu'elle aimait beaucoup. Respectueux et classe.*

Ermolai sourit et abandonna sa vodka. Après tout, qu'un autre la boive, il avait mieux à faire. Il suivit Bijou dans la chambre et, comme à son habitude, commença à l'embrasser, une fois la porte fermée. Il agissait avec elle comme il avait agi avec Anna, la seule femme qu'il avait jamais aimée. D'un amour vrai, sans détour. Mais elle avait disparu, laissant un grand vide dans son coeur et dans sa vie. Mais si Bijou n'était pas l'amour de sa vie, il se comportait avec elle comme avec celle qui l'avait incarné, il y avait bien longtemps. On le disait imprévisible, sauvage, meurtrier et ses ennemis l'appelaient "le grand loup blanc", en référence à cette légende bien connue des russes, celle du loup mangeur d'hommes, cette grande bête blanche, cruelle, et dont l'on parlait à mi voix, cet animal avide de sang que rien n'arrêtait, ni l'espace, ni le froid, ni les siècles. Mais avec les femmes, et les hommes qu'il respectait, il n'était plus qu'un grand chien blanc, innoffensif et doux.

Tout en embrassant Bijou, il se rapprochait du lit, tenant à son confort, et à celui de sa partenaire. Il lui caressait les épaules, le dos, les seins avec un mouvement circulaire intense, profond et confortable. C'était un gentleman, avec les femmes.