Lorelei était prête à tout dévoiler de son passé. Après tout, une amitié ne peut se développer que sur des bases solides et distinctes. Et puis il y avait prescription.
-Je suis née en Bavière, dans une famille de la noblesse très aisée. Je crois que j'ai eu une enfance plutôt, disons heureuse. Jusqu'à mes douze ans, je n'étais pas admise à la Cour de mes parents et je vaquais à des occupations passionnantes: équitation,cours de danse, de musique aussi hélas mais pas bien longtemps! La Bavière est un endroit de Prusse très agréable, campagnard, détendu, sympathique. Mais ce fut nettement moins amusant lorsque je suis entrée à la Cour. Vous comprenez, je n'avais pas l'habitude et je m'ennuyais mortellement devant les discutions ridicules et répétitives de ces dames! Et comme de bien entendu, à 15 ans, on m'a mariée au Comte de Cologne. J'étais comme toutes les petites filles, je croyais au prince charmant, au mariage éternel source de joie... J'ai vite déchanté! Un vieillad tyrannique dans un palais lugubre et dans une contrée humide et glaciale... Je crois bien que je ne me suis jamais sentie aussi désespére que les premières années de mon mariage. Un ennui profond que rien ne venait distraire. Ni la nature, inexistante, ni les animaux, plus que sauvages, et encore moins les gens, plus muets que des carpes! Et puis on s'habitue à tout, je m'étais résignée lorsque mon mari est mort, de sa belle mort. J'ai cru revivre, même si l'endroit était sinistre, je lui trouvais du charme: le seul statut agréable pour les femmes dans notre société est celui de veuve. Mais c'était sans compter sur mes prents... Ils ont décidé qu'il fallait que je me remarie. Mais que d'abord, j'aille perfectionner mes bonnes manières à Versailles. Vous pensez bien que je n'y ai découvert que vice, tromperies et vanités. Un peu d'art aussi, mais noyé dans la masse. J'ai ramené une petite française avec moi, Angélique, et j'ai posé une condition à mes parents: je ne voulais pour mari que vous.
Elle décida de tout, vraiment tout dire, franchement, sans artifice.
-Parce que je croyais que vous en choisiriez une autre et qu'ainsi, ensuite, je serais libre. Mais le sort en a décidé autrement, pour le mieux d'ailleurs. Et ne croyez pas que je dis cela pour vous faire plaisir. Je me sens bien ici, dans cette cour aux mille couleurs, aux mille divertissements!